Il en faut à ce peuple berbère du courage, de la pugnacité, de l'imagination, de l'énergie, du savoir faire, de l'adaptation ... pour vivre ce Grand Sud, si loin et si proche à la fois de la civilisation inaccessible. Et la fierté, la noblesse d'âme restent intactes. Quelle leçon pour ceux des pays dits avancés, si prétentieux, ne sauraient survivre dans cette région: trop faibles physiquement, incapables de ces efforts répétés, ne sachant pas résister au manque de confort...
La femme travaille beaucoup: recherche du bois, de l'eau, cuisine, soin des enfants, des bêtes (volaille - ovins - bovins - âne). Ici, c'est la coupe du fourrage pour le bétail.
L'ingéniosité berbère est connue. Dans cette région déshéritée, comme partout au Maroc d'ailleurs, il ne faut rien gaspiller. Tout se transforme. Ce ne sont pas les marocains qui polluent l'atmosphère à en faire mourir l' humanité. Toute tôle peut devenir bassine ou barbecue, les bidons deviennent des barattes, les pneus des couffins pour les ânes ou des seaux...
Une feuille de papier, quelques poils à l'extrémité d'un bout de bois, un pot avec du safran à l'eau, un autre avec de l'indigo dilué et voilà l'artiste qui, sans dessin préalable pose le ciel, le sol jaune, évidemment le vert apparaît entre eux et ensuite trace un ksar avec le thé qui nous est invisible. Puis, au dessus de la flamme d'un réchaud rudimentaire, les couleurs se révèlent chaleureuses, le dessin ressort précis. Un régal des yeux. Cette dextérité nous émerveille.
Cet artiste nous a également montré ses œuvres réalisées sur bois à la pyrogravure. Mais, sans énergie coûteuse. Avec des lunettes de soleil en protection, avec une loupe bien dirigée, il brûle le bois et c'est très beau.
Dans un recoin de ce village fantomatique, une fatma file la laine, accroupie à l'ombre. Elle est souriante, elle répond à notre "labès" (bonjour), elle tente un brin de conversation. La porte, le décor du mur m'interpellent. Les poteries sont très belles. Sa petite fille arrive et nous salue.