lundi 1 octobre 2012

Camping Septembre 2012





Camping « La Pinède »
Texte de Maryse le 28.09.2012


Si camping improbable il y a, certes, celui de La Pinède en fait partie. Papou, avec ses antennes d'insecte nomade a su le détecter sans aucune hésitation.
La Pinède, ça fait rêver et pourtant !...
Nous sommes les seuls campeurs dans ces Landes immenses dont la frontière s'arrête on ne sait où, dans la forêt peut-être ?
Une fois le chemin cabossé qui conduit au camp ,franchi, on découvre sur notre gauche un « mémorial » en bois, peint en jaune douteux. « Au mémorial du poulet » est-il inscrit sur ce demi-cercle inscrit à mi-hauteur d'homme. Deux pas plus loin, « Au poulet inconnu » nous apprend que là, à la porte du poulailler gît ce soldat emplumé mort pour on ne sait quelle gloire ! Le coq s'époumone, en tout bon coq qui se respecte. Nous ne sommes guère dépaysés devant ce qui ressemble vaguement à l'environnement de notre home bergeracois.
Un âne, réalisé en morceaux de bois récupérés, coiffé d'un panier d'osier crevé, des bonshommes en planches boulonnées gardent l'entrée du camping avec un grand sérieux. Réalisés par des campeurs, ils donnent une idée de la joyeuse ambiance qui doit régner ici l'été !
Le « bloc » nous apparaît, délabré. Nous visitons les douches vieillottes dont les poignées de porte et les verrous fonctionnent chacune à leur façon, dont les carrelages sont assemblés méthodiquement selon on ne sait quel critère car, en effet, toutes les couleurs s'y retrouvent : vert d'eau, vert foncé, ocre pâle, ocre terre, turquoise, noir, blanc... Sur les portes des douches, des grenouilles peintes au pochoir, une véritable coquille St Jacques attestent bien la volonté de Bernard, le propriétaire, d'agrémenter son camping pour la joie des campeurs. L'ensemble est assez surprenant mais … on s'y fait. Sauf que le pommeau de douche étant monté à l'envers, je reçois, le premier jour, un jet d'eau froide en plein dans l'œil. Aïe ! Ça fait mal. Là n'est pas la question, l'essentiel est que l'on puisse se doucher en n'oubliant pas d'appuyer sur l'interrupteur marqué d'une flèche, à l'opposé de la poignée d'ouverture, sinon on reste dans le noir absolu. Tout étant monté à l'envers selon la logique véritablement farfelue du propriétaire.



 Même le marteau-maison est monté à l'envers!







Continuons d'avancer avec notre attelage. Le cabanon de l'accueil se dévoile sur notre droite. Pas banal non plus, enguirlandé de toutes sortes d'objets colorés et hétéroclites...






Après, après... c'est un imbroglio presque indescriptible : caravanes par ci, tas de bois par là, vélos pour tous âges à l'air libre et prenant la pluie tant qu'ils en veulent !!! cabane-bar, terrasse en bois, tables variées posées au hasard, chaises de tous poils empilées là, car l 'été est fini...























Une cabane en bois abrite les jouets des petits, deux balançoires qui furent sans doute belles pendent de l'arbre jouxtant notre installation. Le bac à sable attend les jeux des gamins, ce qui fut un golf miniature sera sans doute remis en état à l'arrivée des nouveaux amoureux de ce lieu car, ainsi délabré, il est inutilisable.










 Quelques hamacs bariolés qui eurent des couleurs plus vives sont accrochés ici et là aux chênes centenaires. Viva la siesta!
Le coin barbecue est agrémenté de multiples chapiteaux parasols d'été, de gazinières, de réfrigérateurs, de congélateurs qui semblent avoir fait leur temps mais qui fonctionnent pourtant encore. Tout cela, comme le bois coupé est à disposition des campeurs. Ce lieu se veut un espace de rencontres, souhaité par Bernard. Deux bouilloires à l'ancienne, pleines d'eau du ciel, attendent avec sagesse la saison prochaine.










  




















Chaque campeur se pose là où bon lui semble sauf sur les jeunes bruyères ; les espaces ne sont pas délimités, les voitures sont interdites sur le terrain.


                                               Respect des hommes, respect des lieux.

Et là-bas, tout là-bas, au fin fond de la forêt, mystérieux et non dévoilé, s'étend le labyrinthe, parmi les chênes, tracé dans les fougères par Bernard et son tracteur. Parsemé de « trésors », il fera le bonheur des enfants qui s'y aventureront à la saison prochaine.
« Fraises » des arbousiers, écureuils s'aventurant à toute allure dans les allées de pins, bruyère tachant de mauve la nature, tout nous rappelle que l'on campe ici au paradis.




















Tiens, le voilà justement, le « maître » suivi de son « esclave » Olivier , l'homme à tout faire, l'homme de main et de compagnie. Trapu, épais, puissant, large d'épaules, les yeux petits qui louchent, il est le serf attaché à la terre du vassal, loge dans sa propre caravane faussement immatriculée au Danemark, qu'il a fallu couvrir d'une bâche car elle fuyait avec ce temps de déluge ! Le matin, on rencontre Olivier sortant de la douche, en slip, rejoignant allègrement et sûrement son habitacle de Noé.
Le maître et l'esclave, deux larrons qui ont la vie belle : on va à la pêche quand on en a envie, on ramasse les champignons, on boit son petit café tranquillement sur la terrasse vers dix heures. Ce matin, je les ai vus passer, tassés dans la voiture « pot de yaourt », le vieux chien berger-allemand, énorme, assis à l'arrière, tractant un assemblage de fers rouillés qui fut jadis un châssis de remorque : ils revenaient du fond du camping à la recherche des fameux cèpes qu'ils attendent chaque jour avec impatience et qui paraît-il se trouvent partout ici.
L'autre matin, le maître, plus petit mais plus mince, à l'allure de SDF, sorti tout droit de la soupe populaire, cheveux gris jaunes et « crades », pendouillant sur les oreilles, sandales à demi-rongées par le temps (ainsi que les pieds d'ailleurs!) nous a guidés tout au bout du camp, derrière une dizaine de caravanes entreposées là par les campeurs saisonniers, vers son jardin.
De jardin, nous n'en vîmes point mais un tas de compost impressionnant nous sauta aux yeux ainsi que quelques citrouilles-potirons (croisement maison) et des melons d'Espagne qui s'étaient laissé le bonheur de pousser là, à l'abri des curieux et des voleurs. Le compost est régulièrement labouré, retourné, aéré par les sangliers.

 Nous repartîmes avec chacun un potiron sous le bras car malgré ses allures de Cro-Magnon tout droit sorti de sa grotte, le maître est un homme cultivé, écolo, solidaire, humain comme on n'en voit plus. Eh oui ! Paradoxe flagrant entre la mine et l'homme lui-même ! Il nous tient des discours enrichis sur toutes sortes de sujets : l'histoire régionale, le changement climatique, la symbiose des champignons et de leur arbre, son accrochage avec Sarkozy, etc... véritable puits de sciences déposé là, en pleine nature, avec son humour, sa philosophie de la vie.

Finalement, il y a plus à voir dans ce camping « hors-temps » que dans toute la région dite touristique.

1 commentaire:

Aude a dit…

magique ce lieu...encore une fois une rencontre riche en culture et en surprises. Effectivement, Papou semble les provoquer ces rencontres...mais il sait aussi ensuite les entretenir pour les faire fructifier et donner toute leur saveur...